You are currently viewing Madame Figaro

Madame Figaro

 
We’ve got some more magazine appearances on the way, starting with Natalie on the cover of Madame Figaro. I’m really liking this cover, so hopefully a better quality version is not far off (And minutes later a better quality version arrived from Eden). With the cover we also have the text from the French article. Our French friends will have to let us know if there are any interesting quotes within. Thanks to Kitten, Fanatical and toipourmoi.

1237125_536262453110928_2032748251_nth

natalie portman wonder girl

PAR RICHARD GIANORIO PHOTOS FREDERIC AUERBACHUn oscar, un mariage, un enfant. L’actrice américaine joue désormais dans la cour des grandes et fait ce qu’elle veut à Hollywood : tourner avecTerrence Malick ou dans le blockbuster “Thor”. L’année prochaine, elle s’installe à Paris avec son mari, Benjamin Millepied. À Tokyo, où on l’a interviewée, l’égérie prêtait sa beauté à la ligne de rouges à lèvres Rouge Dior.

CE N’EST PAS À LOS ANGELES, OÙ ELLE RÉSIDE, MAIS À TOKYO qu’on rencontre Natalie Portman. Elle y assure le lancement du rouge à lèvres Rouge Dior, dont elle est l’égérie, avec ce professionnalisme implacable qui n’appartient qu’aux Américains, tour de charme sous contrôle que l’actrice adoucit de son charisme lumineux. Sa grâce, sa finesse, son allure adolescente incarnent un idéal de beauté absolu pour les Japonais qui vénèrent ce tanagra kawaï très populaire depuis le succès de « Black Swan » (330 millions de dollars de recettes). Le film qui a fait d’elle une star mondiale lui a permis au passage de rafler un oscar, son premier. À 32 ans, Natalie Portman a passé plus de la moitié de sa vie devant les caméras depuis ses débuts en fanfare dans « Léon », de Luc Besson, en nymphette flanquée d’un tueur à gages. Elle avait 13 ans et entamait avec le public une love story jamais prise en défaut, qu’elle joue une reine galactique (« Star Wars »), une amante sulfureuse (« Closer ») ou une ballerine au corps mutant (« Black Swan »). Hollywood n’a jamais pu formater cette New-Yorkaise, née à Jérusalem, qui a verrouillé très tôt sa vie privée, pris le temps d’aller à Harvard et de militer pour les causes qu’elle estimait justes, trouvant très subtilement un équilibre entre deux axes irréconciliables : la tour d’ivoire et le tapis rouge. Une stratégie, une nature plus exactement, payante : l’image de Natalie Portman est extraordinairement préservée quand tant d’autres célébrités ont dilapidé leur « star quality » en quelques rounds.

Épouse du chorégraphe Benjamin Millepied, mère d’un petit garçon (Aleph, 2 ans), miss Portman est aussi à la tête d’une maison de production. Elle vient de produire un western (« Jane Got a Gun »), est attendue chez Terrence Malick (« Knight of Cups »), ce qui ne l’empêche nullement de reprendre du service dans la suite du blockbuster « Thor » (sortie le 30 octobre). La prochaine étape ? En novembre 2014, la famille Millepied-Portman s’installe à Paris où monsieur prendra les rênes de l’Opéra de Paris.

« MADAME FIGARO ». – On annonce votre arrivée imminente en France…

NATALIE PORTMAN. – Nous cherchons un appartement ! Benjamin, mon mari, et moi déménageons à l’automne 2014, au moment où il entrera en poste à l’Opéra. C’est évidemment un bouleversement énorme de quitter Los Angeles pour Paris. Je ne sais pas à quoi va ressembler ma vie, mais je suis plus qu’excitée. Je connaissais et j’aimais les ballets bien avant l’expérience de « Black Swan » – j’ai même caressé le rêve de devenir danseuse, comme toutes les petites filles d’ailleurs -, mais avoir la possibilité d’approcher les danseurs de près, les voir répéter à la barre, c’est à coup sûr un privilège extraordinaire.

Vous, si francophile, avez-vous adopté la nationalité française ?

Je n’ai pas la nationalité française, mais je serais très heureuse de l’acquérir. Seulement, je ne sais pas si c’est possible puisque je possède déjà deux passeports, américain et israélien.. Il faudrait peut-être aussi que j’ajoute un « h » à mon prénom Natalie pour faire plus français ? Mon père m’a baptisée ainsi parce qu’il aimait la chanson de Gilbert Bécaud. J’ai grandi dans une atmosphère très francophile.

On a oublié vos débuts dans le métier…

Rien de follement original : j’étais dans une agence de mannequins, j’ai été remarquée et un agent a souhaité me rencontrer. Tout est allé très vite et, à 11 ans, j’étais déjà une professionnelle du spectacle. Pour moi, le plus difficile a été de m’ajuster à la vie publique et de détecter les gens qui ne me respecteraient pas afin de les éviter. Comme tous les acteurs, j’ai été confrontée à des situations et à des gens difficiles, mais, au bout du compte, ces expériences sont gratifiantes puisqu’elles consolident et font grandir.

Pourquoi êtes-vous actrice ?

Je ne sais pas répondre à cette question. Il y a forcément quelque chose qui a à voir avec l’envie d’apprendre, d’aller plus loin et de repousser ses limites. J’ai remarqué aussi que les grandes actrices, celles que j’admire, sont des pages blanches sur lesquelles les spectateurs peuvent projeter leurs désirs les plus secrets. J’aime beaucoup l’idée de cette relation très particulière, de ce lien invisible avec le public. Oui, je crois que ce qui m’intéresse c’est d’interpeller, cette empathie est fascinante. On pense souvent que je suis une actrice cérébrale parce que j’aime comprendre et préparer beaucoup en amont, mais au moment où la caméra commence à tourner, c’est toujours l’instinct qui reprend le dessus. Je ne suis pas une actrice portée sur la méthode Stanislavski. Il y a quelque chose de très mystérieux dans le jeu et qui doit le rester.

Un nouvel Hollywood se profile. Le monopole des stars s’est effondré, les films indépendants sont moins valorisés… Comment voyez-vous les choses ?

Il est clair qu’un nouveau paysage s’est dessiné, que ce ne sont plus les mêmes films qui voient le jour et que l’establishment a été bousculé. Certes, les films d’action, les blockbusters et les « sequels » (les suites) règnent en maîtres au box-office, mais il est faux d’affirmer que les grands studios ont perdu le goût du risque. À titre d’exemple, il suffit de citer « Inception », de Christopher Nolan, ou « Gravity », d’Alfonso Cuaron, qui sont des superproductions avec des idées fortes, réalisées par des hommes de tempérament. Et puis aussi la révolution technologique a tout emporté : aujourd’hui on peut quasiment faire un film avec un iPhone et le distribuer en ligne. L’offre s’est démocratisée et ce pluralisme est passionnant.

Vous venez de produire un western non sans mal semble-t-il…

Nous avons changé de réalisateur et d’acteurs en cours de film… Disons que cela apprend la persévérance. (Elle rit.) J’incarne une femme qui défend ses terres que des renégats vengeurs veulent lui prendre. De l’amour et de l’action. J’aimerais diriger un film dans un avenir proche. J’y pense.

Votre rôle dans « Black Swan » a relancé votre carrière de manière extraordinaire…

C’était exactement le bon rôle au bon moment. Un film peut changer la façon dont on vous perçoit et c’était enfin un personnage bien de mon âge. Ce qui m’intéresse, c’est évidemment de jouer des femmes fortes qui explorent leurs désirs et leurs contradictions. Ce sont souvent les femmes réalisatrices qui offrent ce genre d’options, mais hélas, en Amérique, les réalisateurs sont des hommes. Il n’y a qu’une poignée de femmes en exercice, Kathryn Bigelow, Sofia Coppola, Mira Nair ou Jane Campion, ces deux dernières n’étant même pas américaines. Il y a aussi une pénurie de femmes scénaristes. En France, c’est différent. Je vois bien qu’il y a une nouvelle génération de jeunes réalisatrices émergentes, comme Rebecca Zlotowski.

Votre physique juvénile est-il toujours un atout ?

Je ne suis plus si jeune, non, mais il est vrai qu’on a encore du mal à me donner des rôles de femme femme ou de mère. Je crois que c’est parce que je suis toute petite, avec ce corps qui paraît juvénile… On dit que la caméra aime les petits gabarits… Et puis, cela rassure mes partenaires masculins de petite taille. (Elle rit.)

Dans « Thor », votre partenaire, Chris Hemsworth, est un colosse…

Comme spectatrice, j’aime énormément les films tirés des BD Marvel. Et je ne suis pas du tout snob dans le choix de mes films : je sais bien qu’il existe des blockbusters formidables et des blockbusters idiots, de la même façon qu’on voit des films indépendants superbes et des films indépendants affligeants. En tant qu’actrice, je ne veux pas passer à côté de la joie et du plaisir de tourner dans ce genre de productions.

De l’extérieur, vous semblez être Mlle Parfaite…

Détrompez-vous : je suis en vrac ! Vous me voyez habillée, maquillée, coiffée, parée, mais ce n’est pas la réalité. C’est comme dans un film de superhéros : je me transforme le soir venu, mais la journée, je suis invisible…

La maternité a-t-elle changé quelque chose ?

Être épouse et mère me convient idéalement. C’est incroyable. Indescriptible. C’est comme n’avoir plus rien à écrire dans son journal intime : le bonheur n’appelle aucun commentaire particulier..

On vous dit très superstitieuse…

Vous ne pouvez imaginer à quel point ! Je crois à tout ce qu’on me dit, si bien que je ne veux plus que les gens me fassent part de leurs superstitions, car je les adopte immédiatement. La plus basique, c’est de toucher du bois, et j’en touche toute la journée. Il y a aussi les petites superstitions bizarres : toujours prendre une paire de chaussettes neuves avec soi en avion – celle-ci m’a été soufflée par ma mère -, monter dans un avion du pied droit, envoyer un baiser en voiture quand le feu passe au vert… C’est épuisant. (Elle rit.)

La religion vous intéresse-t-elle toujours autant ? Vous êtes une des rares actrices à exprimer votre judaïté…

J’aime les traditions et les cultures. Je suis intéressée par tous les rites autour de la famille et de la nourriture. Il y a deux choses que j’adore dans la tradition juive. D’une part, vous pouvez rompre toutes les règles pour sauver une vie, ce qui sous-tend que la vie est plus importante et plus sacrée que tout. D’autre part, il y a le shabbat, le jour le plus important, avec cette idée non seulement du repos et du répit, mais aussi celle de prendre son temps, le temps sacré, le contrôle du temps. Je ne pratique pas assidûment mais j’y pense en permanence avec beaucoup d’intensité.

Une dernière chose : avez-vous amélioré votre français ?

Je vais devoir y travailler plus sérieusement. J’adore quand vous dites qu’un enfant est « sage » quand il ne pleure pas. En revanche, il y a des mots que je trouve bizarres comme « végétalienne »…

Avec quel metteur en scène français aimeriez-vous travailler ?

Celui qui me vient à l’esprit vit à Paris mais est autrichien, c’est Michael Haneke. Je l’ai rencontré une fois et il m’a conseillé de voir « Salò ou les 120 journées de Sodome », de Pasolini. Voilà…